Nathalie Dubleumortier
 

Acrylique
 
89 ter, rue nationale - 78940-La Queue-lèz-Yvelines - +33(0)1.34.87.57.98
nathalie.dubleumortier@wanadoo.fr

D'abord mue par la musique et l'écriture romanesque, je n'ose la peinture que tardivement, en 2004.

L'abstrait s'impose comme la suite logique de mes réflexions linguistiques quant à la puissance/l'impuissance de l'évocation langagière. De même que le lapsus nous parle et se prête aux interprétations, l'abstrait offre à voir l'indicible et se dit selon chacun. Seul le titre, bien souvent, donne une piste de compréhension de la toile.

Peu à peu j'inclus à la peinture différents matériaux comme le bois, le tissu, des clous et surtout des sables de provenances diverses. Je travaille avec de la peinture acrylique, ce qui empêche les retouches ; la toile doit être une projection instantanée, ou ne pas être.

Photo

Au commencement était le verbe… puis la nécessité d’une narration gestuelle.

Peindre, c’est la libération du discours intérieur. L’acte de peindre est en effet intimement lié à celui de dire ce que les mots se refusent à dire. Chaque toile est inspirée d’événements humains, d’une réflexion sur l’essence et le devenir de l’humain. C’est bien souvent la mémoire d’un mythe, la lecture d’une œuvre qui ouvre une idée picturale.

Mon travail s’oriente dans deux directions complémentaires : la représentation figurée, inscrite dans la singularité : corps disloqués qui disent la difficulté d’être, et la représentation purement abstraite qui propose une idée d’histoires humaines. Les cordes temporelles, présentées ici, en sont un exemple.

Peindre, c’est aussi mêler les matières : sables, clous, os, bois, boites de conserve… divers matériaux viennent ainsi briser la planéité de la toile et apporter une dimension supplémentaire : le relief. Il faut entendre « relief » dans la pluralité de ses sens : ce qui fait saillie sur la toile, et ce qui reste. L’utilisation d’objets qui auraient pu rester insignifiants, tels des clous usés qu’on délaisse dans une boîte, du sable sur lequel on marche sans y penser… les consacre ainsi en nouveaux signifiants.

Nathalie Dubleumortier, docteur en sciences humaines, enseigne le français et l'anglais en Lycée Professionnel ainsi que la grammaire linguistique anglaise à l'Université de Nanterre (Paris X). Auteur d'un essai de linguistique : Glossolalie (L'Harmattan 1997), elle signe, avec Outre-mère, son premier roman.

Glossolalie

  • Pathologie langagière ou simple jeu vocal, la glossolalie est une énonciation étrange et vide de sens, littéralement "a-sociale" sur le plan de la langue. Mais sur le plan de l'énonciation, c'est une forme discursive - un élément des cultes charismatiques - qui valorise nettement le locuteur. L'observation sur une longue période d'un culte pentecôtiste parisien permet de s'interroger sur les liens entre glossolalie et langue maternelle, puis de décrire les réseaux et les institutions particulières qui permettent au croyants de parler "en langue" en toute légitimité au sein de son Eglise.

Outre-mère

  • « Sylène. Drôle de nom. Chaque fois que je demandais pourquoi, on me répondait que c'était beau. Sylène. Sylène. Je sais maintenant. J'aurais dû m'appeler Françoise, ou Jacques, ou autrement ; ils avaient choisi autre chose. Mais elle est partie. Dans sa rage éthylique, mon père a dit Sylène. Je porte le nom d'une chambre ; de la chambre désertée. Deux syllabes comme les stigmates d'une grossière bouffonnerie. SY-LENE-SI-LAIDE. Tellement peu désirée, ce jour-là, qu'on n'a pas pris la peine de lui donner un nom. »


crédit photos : François Clément

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Nathalie Dubleumortier
PAC Arts juillet Août septembre 2011
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